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Retour sur les temps forts de la Journée ETTi 2025

Cette année, la journée ETTi s’est délocalisée le 26 juin dans l’Est à l’Hôtel de Ville de Metz.

Plus de 100 participants, partenaires et adhérents de La fédération des entreprises d’insertion, étaient au rendez-vous pour échanger autour des enjeux des ETTi.

Les ETTi, moteur d’inclusion et d’innovation pour l’emploi

La matinée a été rythmée par deux temps forts : deux tables rondes riches d’enseignements, qui ont mis en lumière les enjeux actuels et les dynamiques à l’œuvre pour les Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion.

La première table ronde, “Les ETTI face aux défis et opportunités du marché de l’emploi” a permis de dresser un état des lieux du secteur, confronté à un contexte économique tendu (baisse d’activité dans l’intérim) mais aussi à de nouvelles attentes en matière de diversification des activités et de formation. Les intervenants, dont Isabelle Eynaud-Chevalier (Prism’emploi), Nadia Landry (présidente de la Fédération), Laurent Duclos (DGEFP) et Christophe Delaigue (DREETS Grand Est), ont rappelé que les ETTI jouent un rôle crucial de tiers de confiance, capables de créer des passerelles entre les entreprises et les personnes éloignées de l’emploi.

L’importance d’une meilleure visibilité des financements, d’un dialogue de gestion repensé, et de dispositifs d’accompagnement mieux évalués a également été soulignée.

La deuxième table ronde animée par Margaux Brousse (DG Inserim) a élargi la réflexion avec Sébastien Archi, Directeur des affaires économiques à Prism’emploi et Jean-Marie Glowacki, Directeur développement et ingénieries chez AKTO, autour des grandes mutations du marché du travail : transition écologique, digitalisation, transformation des attentes des travailleurs et nouvelles formes d’emploi…

L’OCDE évoque 4 méga tendances :

  • Le retournement démographique, le vieillissement de la population et les départs à la retraite (déficit de 100 000 emplois à horizon 2030)
  • La digitalisation, la robotisation et l’IA qui transforment les métiers : nécessité de former les salariés pour pouvoir s’adapter (ingénierie de formation, réallocation des ressources)
  • La transition écologique : de nouveaux métiers industriels apparaissent et avec eux la transformation des savoirs faire.
  • Le rapport au travail des nouvelles générations : plus “clientes” de leur employeur, attachés aux valeurs et à la qualité de l’emploi.

Autant de défis qui nécessitent une adaptation rapide des compétences, rendue possible par les dispositifs de formation spécifiques au travail temporaire (CIPI, CDPI) et la capacité à construire des parcours longs, certifiants et sur mesure.
Prism’emploi et AKTO ont insisté sur la capacité du secteur à répondre à ces transitions en misant sur l’ingénierie de parcours, l’innovation sociale et l’accompagnement individualisé.

« Ce qui fait la différence des ETTi c’est le travail à façon, la dentelle et la capacité à pouvoir multiplier les expériences. Dans le monde de demain on aura un enjeu entre qualité et forme d’emploi moins-disante donc gardez la qualité et un service satisfaisant. Il y a un enjeu de qualité de service et d’image bien claire et bien nette sur une profession responsable et avec une expertise approfondie pour accompagner les publics en difficulté et répondre aux attentes du client.  On va avoir besoin encore plus de cohésion sociale. Continuez à innover et nous vous accompagnerons »

Jean-Marie Glowacki, Directeur développement et ingénieries chez AKTO

Valo’TTI, une illustration concrète de l’impact territorial des ETTi

La matinée s’est conclue par une intervention de l’ETTi Valo’TTI qui a mis en lumière la capacité des ETTi à répondre aux besoins spécifiques des territoires, à travers l’exemple d’un partenariat ambiteux et innovant avec l’Etablissement Public d’Aménagement d’Alzette Belval.

Animée par Mohand Hebbache, directeur des solutions insertion du Groupe Humando, cette rencontre a réuni trois intervenants aux profils complémentaires :

Philippe Lerouvillois, fondateur et président du Groupe Valo, a retracé le développement de ses 7 ETTI en Lorraine, portées par une vision claire : répondre aux besoins des entreprises tout en construisant des parcours d’insertion durables. Il a souligné le rôle structurant du Pacte d’ambition et la nécessité d’ancrer l’offre d’insertion dans les réalités économiques locales.

Hélène Bisaga, de l’Établissement Public d’Aménagement Alzette-Belval, a partagé cette opération d’intérêt national portée par une charte d’engagements sociaux et écologiques, sur un territoire frappé par un fort taux de départs vers l’emploi frontalier. Elle a mis en avant le rôle déterminant des structures d’insertion pour intégrer et accompagner les publics les plus éloignés de l’emploi dans une dynamique locale de transition.

Édouard Martin, responsable de l’agence Valo’TTI de Longwy, a évoqué avec conviction les partenariats construits sur le terrain : mobilisation autour de métiers nouveaux liés à la construction bois, accompagnement de personnes étrangères (avec des parcours FLE), et formation adaptée aux enjeux des écoquartiers. Il a insisté sur la satisfaction des clients et les résultats concrets en heures d’insertion réalisées.

Une table ronde inspirante, qui a illustré la manière dont une ETTI peut s’inscrire au cœur d’un projet de territoire, en tissant des liens solides avec les entreprises, les collectivités et les aménageurs pour répondre à la fois aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

Des ateliers thématiques au cœur des préoccupations des ETTi

L’après-midi, les participants ont pu participer à 3 propositions d’ateliers :

Diversification des activités : une stratégie vitale pour les ETTi

Les participants ont partagé constats, initiatives et perspectives pour répondre à la baisse d’activité dans le BTP, les évolutions liées aux clauses sociales et aux mutations économiques liées à la transition écologique.

Objectif : élargir les champs d’intervention des ETTI vers des filières en tension ou porteuses (énergies renouvelables, industrie, mobilité durable…), tout en maintenant leur rôle d’inclusion.

Des retours terrains concrets ont illustré cette dynamique :

  • En PACA, Carole Martin, Chargée de mission transition écologique à la FEI PACA a mis en avant des projets structurants comme l’éolien flottant ou l’hydrogène et la massification de filières clés de la transition écologique qui nécessitent de nouveaux profils qualifiés.
  • Le groupe ID’EES intérim représenté par Yazid Boudjedia, développe des parcours dans des secteurs moins traditionnels dans la restauration haut de gamme ou des techniciens de laboratoires, via des promotions collectives formées en amont.

A retenir : La diversification est indispensable pour pérenniser l’activité des ETTi.

Elle passe par la visibilité et la pro activité des ETTi sur les projets à venir, le partenariat avec les facilitateurs et les donneurs d’ordres, et l’identification des filières permettant des compétences transférables.

Mieux comprendre mieux accompagner les publics prioritaires (focus BRSA)

L’atelier animé par Valérie Bégé (Directrice régionale Lorraine Champagne Ardenne FEI), portait sur un enjeu central : l’insertion des bénéficiaires du RSA (BRSA) dans les parcours proposés par les ETTI.

Objectif : mieux comprendre les freins, partager les expériences concrètes et renforcer les coopérations locales.

Un éclairage structurant a été apporté par Guillaume Manier (Département Nord-Pas-de-Calais), à partir du projet Canal Seine-Nord Europe (107 km, 6 000 emplois mobilisés, 1 million d’heures d’insertion prévues). Ce chantier d’envergure est un laboratoire d’ingénierie de parcours, articulant diagnostic en amont, sas préparatoires, immersions métiers et formation qualifiante via les ETTI, en lien avec le FPETT, AKTO, France Travail et les missions locales.

Les BRSA représentent 80 % des publics engagés dans ces parcours. Une convention avec le FPETT fin 2024 permet de recenser les besoins semestriellement et d’assurer une offre de formation cohérente.

  • Freins évoqués : éloignement durable de l’emploi, faible lisibilité des métiers, formation parfois inadaptée.
  • Leviers : partenariat renforcé, accompagnement de proximité, articulation claire entre formation et emploi, mobilisation active des ETTI.

L’atelier a également permis de partager d’autres initiatives territoriales (93, Grand Est, IDF) autour de conventions, aides complémentaires et consortiums inter-agences. Le modèle expérimenté sur le Canal Seine-Nord Europe pourrait inspirer d’autres projets d’envergure. Partout, un impératif commun : retravailler le lien avec les prescripteurs et adapter les parcours aux réalités des publics BRSA.

Prévention sécurité : former pour mieux protéger les intérimaires

Comment faire de la prévention un levier d’insertion durable pour les publics en parcours ? C’est la question au cœur de cet atelier animé par Céline Rattez (FPETT), Gwenaëlle Keraval (OPPBTP) et Pierre Hermann (Semafor – E2I). Les intervenants ont partagé des constats, des outils et des perspectives pour renforcer la culture sécurité dans les ETTi.

Un constat partagé : les intérimaires restent 2,5 fois plus exposés aux accidents du travail. Cette vulnérabilité est liée aux changements de missions réguliers, au turn-over et parfois à une externalisation implicite des risques.

Pourtant, des moyens existent : 50 millions € sont investis chaque année dans la formation sécurité par les agences d’intérim, et une enveloppe spécifique de 700 000 € est actuellement mobilisable par les ETTi jusqu’en avril 2026.

Des outils innovants émergent, comme le projet expérimental d’IA dédiée à la remontée des “presque accidents” proposé par E2I.

Des exercices pratiques ont également été partagés, à partir de situations réelles : manutention dangereuse, absence de vigilance sur chantier, etc.

L’idée : intégrer la sécurité dès la formation métier, avec des mises en situation concrètes, et développer une approche réflexive auprès des intérimaires comme des permanents.

L’OPPBTP a rappelé l’enjeu dans le secteur du BTP, qui concentre la moitié des accidents mortels des intérimaires. Un parcours de formation en deux temps est proposé aux ETTi : une première journée pour comprendre les enjeux réglementaires et sectoriels, une seconde en immersion chantier.

Messages clés à retenir :

  • La sécurité doit être pensée comme une compétence transversale et intégrée.
  • Il est possible d’articuler formation métier et prévention, malgré les contraintes de réactivité des ETTi.
  • L’intelligence artificielle, bien utilisée, peut être un outil puissant de remontée et d’analyse des risques, à condition d’en respecter les limites (RGPD, accessibilité, usage simple).
  • Les ETTi ont un rôle majeur à jouer dans la diffusion d’une culture sécurité, en lien avec les partenaires sectoriels (FPETT, Prism’emploi, OPPBTP…)
  • Cette journée ETTi a mis en lumière la richesse des initiatives portées localement et collectivement pour accompagner les publics les plus éloignés de l’emploi. Les échanges ont confirmé que la réussite de ces parcours passe par des partenariats renforcés, une meilleure articulation entre insertion, emploi et formation, ainsi qu’une grande capacité à innover.

Enfin, un grand merci aux membres de la commission ETTi présidée par Mamadou Touré, dont l’engagement constant tout au long de l’année contribue activement aux travaux de la fédération.

Leur investissement dans l’organisation de cette journée, tout comme dans le développement de la filière ETTi à l’échelle nationale, est précieux. Grâce à leur expertise, leur mobilisation et leur esprit collectif, nous faisons progresser ensemble une vision ambitieuse de l’intérim d’insertion, au service des publics les plus éloignés de l’emploi.

  • Margaux Brousse, Céline Hassani, Bénédicte Farigon, Christelle Villair Cabane, Anne Larquey, Patrick Lidiani, Bruno Garcia, Jean-Michel Guittenit, Yazid Boudjedia, Mohand Hebbache, Mamadou Touré.

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