Dans un contexte de coupe budgétaire sans précédent sur l’insertion, les chiffres clés de la fédération des entreprises d’insertion montrent que c’est un bien mauvais calcul. Efficaces, économes et déjà fragilisés, la baisse budgétaire de 20 000 ETP prévue par le Gouvernement risque d’en condamner certaines à la restructuration ou à la fermeture.
Un modèle social et économique efficace
Les entreprises d’insertion (Ei) et entreprises de travaillent temporaire d’insertion (ETTi) accompagnent chaque année près de 100 000 personnes vers l’emploi durable. Ces dernières sont très éloignées du monde du travail à leur entrée en parcours : 80% d’entre elles ont un niveau infra bac (contre 31 % dans l’économie classique, page 11 des Chiffres Clés). Le travail d’accompagnement et de formation, réalisé pendant le parcours d’insertion (d’une durée moyenne de 8,4 mois, page 9), s’appuie sur un taux d’accompagnement important : 10% en moyenne en ETTi, de 10 à 30% (notamment dans les secteurs du numérique et du paysage) en Ei (page 16). Ainsi, à l’issue de leur parcours, deux tiers des personnes sont sortis de la privation d’emploi (page 25).
Confronté à une situation économique difficile
Le financement public de cette mission, qui repose sur un système d’aides aux postes au montant variable, ne couvre que très partiellement leur mission d’insertion (accompagnement socio-professionnel, formations, moindre productivité…). Le reste des coûts, ainsi que les salaires des personnes en insertion, sont financés par l’activité économique de l’entreprise (page 21).
Les entreprises d’insertion ont fortement investi sous le quinquennat précédent, soutenues par le Gouvernement : leur chiffre d’affaires moyen a ainsi augmenté de 52% en Ei et 54% en ETTi (page 6). De nombreuses entreprises se sont aussi créées : +55% entre 2020 et 2024 (page 18).
Ce développement intensif, couplé à un contexte économique difficile, pèse fortement sur le modèle économique des entreprises d’insertion. Malgré la hausse de leur chiffre d’affaires, elles connaissent une baisse de leur taux de marge entre 2020 et 2024 (de 2,6 % à 0,9 % pour les EI et de 4,4 % à – 0,4 % pour les ETTi), illustration de la fragilisation de leur modèle économique dans un écosystème de plus en plus concurrentiel. Cette tension, couplée à un contexte économique incertain, crée une grande inquiétude chez les dirigeants : à la rentrée, 74% se disent inquiets pour l’avenir de leur entreprise. (Baromètre trimestriel de confiance des dirigeants).
Et soumis à des baisses budgétaires sans précédent
Cette inquiétude n’a été que renforcée par la présentation du projet de loi de finances la semaine dernière. Faisant de l’insertion par l’activité économique une des politiques de l’emploi les plus touchées par les baisses budgétaires, 20 000 emplois sont menacés, soit près de 60 000 parcours d’insertion.
Cette baisse s’inscrit dans un contexte de stop and go lancé par le Gouvernement à partir de 2024. Après avoir soutenu et poussé les entreprises d’insertion dans un développement historique, les budgets sont réduits de manière massive (-20%). Cette fracture ne sera pas sans conséquence pour les entreprises : 71% des dirigeants estiment que la conjoncture économique aura un impact négatif pour leurs entreprises.
Pour éviter une casse sociale de grande ampleur, la fédération des entreprises d’insertion appelle donc à un retour au budget au niveau de 2024 et à la préservation des 20 000 emplois menacés.
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