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La Réunion, île d’insertion ?

La Réunion, île d’insertion ? Nous avons posé la question à François Proust, co-fondateur de l’entreprise de travail temporaire d’insertion, Service Intérim, à La Réunion. Créée en 1999, cette ETTi accompagne et forme, chaque année, plus de 500 intérimaires en parcours d’insertion sur de nombreux métiers, en les mettant à disposition d’entreprises clientes rencontrant des problèmes de recrutement ou ayant des besoins RH spécifiques. François Proust nous parle du positionnement de son entreprise sur les marchés privés et publics pour mener à bien sa mission d’insertion.

Sur quels secteurs d’activités vous positionnez-vous principalement ?

Nous avons débuté notre activité dans la restauration et l’hôtellerie mais, très vite, nous nous sommes ouverts à d’autres secteurs d’activités. Notre première agence, à Saint Paul, a connu un essor important dans les métiers de bouche et d’accueil, puis dans la grande distribution et le commerce sur des métiers de vente, d’accueil, de distribution et de logistique. Nous avons donc créé une deuxième agence, en 2000 au Nord de l’île, puis une troisième, au Sud en 2007.

Parmi nos clients, nous avons des centrales d’achat, de grandes et moyennes surfaces de type Carrefour ou Super U ainsi que des grandes surfaces spécialisées dans le bricolage ou la vente de vêtements, par exemple. Il y a aussi des besoins importants dans l’industrie agroalimentaire. Nous travaillons, entre autres, avec le principal abattoir de l’île où nous sommes en capacité de mettre à disposition des intérimaires sur l’ensemble de la chaîne jusqu’à la transformation. Le BTP est, en revanche pour nous, un secteur à la marge, il représente environ 6% des missions, de même maintenant que l’hôtellerie et la restauration (4%).

Comment sensibilisez-vous vos clients à la mission sociale de Service Intérim ?

Nos clients sont en grande majorité des entreprises privées qui viennent, d’abord et avant tout, pour un service et une réponse à leur besoin mais nous construisons des partenariats avec plusieurs d’entre eux sur la durée. C’est notamment le cas avec le plus gros paysagiste de La Réunion. Avec lui, nous avons repéré en amont des profils et travaillé ensuite sur la formation. Sa pépinière de plantes endémiques nous a permis de former des intérimaires en insertion à la culture de ces plantes, avec des débouchés importants. Certains d’entre eux ont notamment été embauchés en tant que pépiniéristes à plein temps ensuite.


Pour certains marchés publics intégrant une clause sociale, majoritairement dans le BTP, nous travaillons également avec le client privé pour l’accompagner dans sa réponse sur la partie insertion et pour former des intérimaires en vue du marché.

Qu’en est-il des acheteurs publics ?

Nous avons des marchés publics que nous obtenons parfois en direct. Service Intérim est reconnu pour sa maitrise du travail temporaire, son savoir-faire et son expertise de l’insertion par l’activité économique. C’est ce qui nous a permis d’être retenus par le Conseil Général sur un marché avec clause d’insertion pour un Village Vacances. La qualité du parcours d’insertion faisait partie de la note finale, au même titre que la proposition technique.

Les marchés publics peuvent être très intéressants en termes de sorties pour nos intérimaires. Il y a quelques années nous avons obtenu un marché auprès du Parc National de La Réunion qui portait un regard attentif sur l’offre d’insertion. Pour ce marché de quatre ans, nous avons mis à disposition vingt éco-gardes, cinq mois par an. Ce marché nous a permis de mettre au travail des personnes en difficulté sur l’ensemble de l’île, en leur fournissant une expérience très valorisante. Ils ont été formés, et certains ont par la suite intégré des associations de protection de l’environnement. Une vraie réussite !

Quels freins rencontrez-vous dans votre accès aux marchés publics clausés ?

Dans les marchés publics, des clauses d’insertion sont mises en place mais les structures d’insertion ne sont pas partenaires pour leur exécution. A La Réunion, moins de 10% des heures d’insertion sont réalisées par des structures d’insertion. En majorité, elles sont effectuées par embauche directe ou par des entreprises de travail temporaire.

Nous avons aussi du mal à repérer les marchés publics avec une clause sociale. La veille est très difficile et se fait principalement par le réseau et le bouche-à-oreille. Dans le cadre de la dématérialisation des réponses aux marchés publics, nous venons tout juste de nous inscrire à une plateforme de veille en ligne qui, je l’espère, facilitera cette démarche. Elle nous permettra également de savoir qui a obtenu le marché et de démarcher l’entreprise pour la réalisation de sa clause d’insertion.

Quelle stratégie mettez-vous en place pour surmonter ces obstacles ?

Nous sommes fortement impliqués, à travers l’union régionale (URSIAE), dans la sensibilisation des collectivités, des acheteurs publics aux structures d’insertion par l’activité économique (SIAE), à ce qu’elles peuvent apporter. De nombreux acteurs publics nous avouent eux-mêmes que les spécificités des structures d’insertion sont encore méconnues, c’est pourquoi nous devons leur expliquer notre valeur ajoutée, notre particularité, ce qu’est un parcours d’insertion, etc. Nous nous inscrivons également dans une logique commune plus large avec la « Stratégie du Bon Emploi Pérenne et Responsable » en référence au « Small Business Act ». Nous travaillons ainsi de manière très intégrée avec la Confédération des PME (CPME), pour qui les structures d’insertion sont un atout et une plus-value sur le territoire pour améliorer la part des PME dans la réalisation de la commande publique responsable. Ces démarches de sensibilisation auprès des acheteurs publics, via l’URSIAE et la CPME, auront, nous l’espérons, un effet positif !

Pour plus d’informations : www.serviceinterim.fr

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