Portrait

Le maintien dans l’emploi des femmes avec trois entreprises d’insertion normandes engagées

 

C’est sur l’axe Rouen-Le Havre que nous avons rencontré l’entreprise d’insertion ODD, l’entreprise de travail temporaire d’insertion Humando et l’entreprise d’insertion par le travail indépendant All Inclusive. Chacune à leur niveau contribue au maintien dans l’emploi des femmes en facilitant leur mobilité, la garde d’enfants ou l’entrepreneuriat au féminin.

Une navette pour permettre de travailler en horaires décalés

Fanny HAMEL dirige l’entreprise d’insertion ODD (Otherworld Développement Durable). Cette entreprise d’insertion, spécialisée dans le nettoyage et la préparation automobile pour les concessions, a ouvert un garage solidaire identifié par les prestataires du Fonds d’Action Social du Travail Temporaire (FASTT) pour répondre aux besoins de réparation automobile, d’accompagnement au permis de conduire des salariés intérimaires de son territoire. 

En 2021 est lancé le chantier colossal du Parc éolien off-shore de Fécamp qui implique plusieurs sites industriels en France, dont deux sont situés au Havre. Ce chantier offre de grandes opportunités d’emplois, en particulier pour les salariés intérimaires en parcours d’insertion de l’entreprise de travail temporaire d’insertion Humando Le Havre. Pourtant, rapidement sa responsable d’agence, Barbara DELOBETTE, détecte des difficultés pour y déléguer ses intérimaires en parcours d’insertion. La plupart ne possèdent pas le Permis B ou de véhicule. Ils empruntent les moyens de transport mis à disposition par la communauté d’agglomération, lesquels ne sont pas adaptés pour le travail en horaires décalés.

Pour répondre à cette problématique, Fanny HAMEL dépose un projet expérimental dans le cadre du FDI 2021 : un nouveau service de transport pour les salariés travaillant sur ce chantier en horaires décalés. Ainsi, en-dehors des horaires habituels, trois chauffeurs s’alternent pour récupérer les salariés en gare du Havre, les relancent la veille et les accompagnent à créer un réseau de covoiturage. Et toujours vers plus d’individualisation, afin de sécuriser leur retour à domicile au-delà de 23h00, les femmes sont déposées au plus près de chez elles.

Pour Fanny HAMEL et Barbara DELOBETTE, ce nouveau service de mobilité a permis le maintien dans l’emploi en horaires décalés. Un constat d’autant plus vrai pour les femmes, quand cette solution n’est pas proposée par l’entreprise cliente, car elles seront les premières à refuser ce type de mission.

Une intervenante à domicile pour s’occuper des enfants

Pour les femmes, et en particulier celles en situation de monoparentalité, ce frein à la mobilité vient, d’ailleurs, se cumuler avec celui de la garde d’enfants. Barbara DELOBETTE a identifié que sur 100 candidates prêtes à répondre aux missions, 12% ne continueront pas leur recrutement pour une mission en horaires atypiques “parce qu’elles ne possèdent pas de mode de garde ou qu’elles ne savent pas comment elles pourront s’organiser et supporter le coût financier avec plusieurs enfants à charge”. Un constat également partagé par Fanny HAMEL : “les femmes en situation monoparentale se voient obligées de cesser leur contrat bien que les horaires proposés par ODD ne soient pas en horaires décalés car une prise de poste à 8h00 quand le mode de garde ouvre à 7h30, avec un déplacement en transport en commun, relève de l’exploit lorsque l’on habite en agglomération havraise”

La garde des enfants est le principal frein à l’insertion professionnelle des femmes. Chercher à lever ce frein demande d’étudier la question dans toute sa dimension économique, sociale et environnementale. Trouver un mode de garde est souvent un long chemin de croix pour les parents et l’offre d’accueil des jeunes enfants n’est pas adaptée aux spécificités des emplois d’un territoire. Quand le mode de garde est trouvé, ces femmes doivent jongler entre ces horaires de garde et ceux des établissements scolaires ou périscolaires, des transports en commun et de leur travail.

Une gestion d’équilibriste qui génère chez ces femmes du stress, de la charge mentale… et peut provoquer des retards au travail entraînant d’éventuelles sanctions. Pour Barbara DELOBETTE, il y a une absence de visibilité de ces problématiques en entreprise : “c’est un problème typiquement féminin ! Tout se passe sous silence. On a invisibilisé le problème. Si tu veux travailler, il faut au moins que tu aies trois à quatre modalités de garddifférentes à activer autour de toi». Et Fanny HAMEL de compléter : “rater une journée de travail quand tu es au SMIC, ça n’a pas le même impact !».

Faire garder ses enfants est également un véritable dilemme financier. Cela représente un coût financier très important pour celles travaillant au SMIC.

Forte de ces constats, Barbara DELOBETTE s’est rapprochée de l’association Do l’enfant dom. Son projet est de proposer à 25 familles, l’aide d’une intervenante à domicile en CDI dans l’association qui pourrait s’occuper de l’ensemble des enfants à charge de la salariée en parcours d’insertion, âgés de 0 à 13 ans, pour le même prix quel que soit le nombre d’enfants. Cette aide au démarrage est envisagée comme un sas. Il permet tout d’abord à ces femmes de lever rapidement ce frein pour se rendre à leur mission, de trouver progressivement des modalités de garde complémentaires et de se stabiliser professionnellement et financièrement.

Un salon pour l’entrepreneuriat au féminin

Un peu plus loin vers Rouen, l’inclusion des femmes et de leurs droits est également un sujet qui mobilise les salariés de l’entreprise de travail temporaire d’insertion E2i et de l’entreprise d’insertion par le travail indépendant All Inclusive. Ces réflexions ont abouti au lancement de l’évènement Nous, femmes et engagées, le 29 avril 2022.

Un salon très original par la diversité de ses ateliers, témoignages et portraits. Un évènement qui cherchait avant tout, à mettre en avant tous les exemples possibles de la réussite féminine (Miss France 2018 compris !). Ce salon a également révélé la fraîcheur de ses organisatrices, dans leur choix à vouloir démystifier la recherche d’emploi, en proposant des stands de bien-être et de maquillage, ainsi qu’un défilé de mode de jeunes femmes relookées pour l’occasion. Et parmi les partenaires tenant des stands, la fédération des entreprises d’insertion Normandie, des acteurs de l’inclusion par le travail indépendant et des femmes entrepreneuses.

Un nouvel exercice pour Elodie PICHOU et Florine DURAME, qui ont su grâce à leur énergie et leur enthousiasme, monté un évènement de grande qualité dont les bénéfices ont été reversés au CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) de Rouen.

Toutes ces actions ont été partiellement financées dans la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, dans le cadre d’un appel à projet visant à favoriser l’inclusion des femmes en situation de précarité.

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