Portrait

RECYFE : un projet qui a le verre en poupe !

 

Alors que les députés s’apprêtent à examiner le projet de loi issu de la Convention Citoyenne pour le Climat, avec de forts enjeux autour de l’efficacité énergétique des logements, trois entreprises d’insertion travaillent sur la fin de vie des ouvrants et menuiseries, remplacés lors de travaux de rénovation thermique. Avec le projet RECYFE, ces trois entreprises ambitionnent de recycler le verre plat, issu des fenêtres, pour le réincorporer dans de nouveaux vitrages plus performants. 

L’habitat et le secteur de la construction, représentent deux tiers des émissions de gaz à effet de serre, c’est un enjeu environnemental majeur, au centre des débats sur la transition écologique. La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), la Convention Citoyenne, le plan de relance, tous ces dispositifs récents pointent l’enjeu de mettre en place une trajectoire, permettant de rénover 500 000 logements par an, afin d’atteindre la neutralité carbone, à l’horizon 2050. 

« L’efficacité énergétique des bâtiments, est un véritable enjeu sur nos territoires » constate Philippe Lerouvillois, dirigeant de l’entreprise d’insertion Valo’ en Moselle et co-fondateur de RECYFE, « depuis plusieurs années les chantiers se développent et la dynamique devrait s’accélérer dans les années à venir. Mais cette accélération n’est pas sans poser un certain nombre de défis environnementaux. Aujourd’hui, quand on parle de rénovation énergétique, il faut avoir en tête, que ce sont les chantiers de remplacement des fenêtres, par des dispositifs plus performants, qui sont plébiscités par les français. Si ces travaux, ont un véritable impact en matière de sobriété énergétique, ils posent un certain nombre de questions environnementales. Quel impact de la production de fenêtres sur l’environnement, quel impact sur nos ressources de plus en plus réduites en sable pour la production des vitrages? Quelles solutions, pour les fenêtres déconstruites, alors qu’elles sont aujourd’hui enfouies dans 95% des cas ? » 

Ces questions, ce chef d’entreprise se les est posées il y a cinq ans, avec d’autres dirigeants d’entreprises d’insertion, dans le cadre des réflexions organisées par la fédération des entreprises d’insertion en matière d’innovation et d’économie circulaire. L’enjeu du recyclage des fenêtres et notamment du PVC et du verre qui les composent a retenu leur attention, car environ 10 millions de fenêtres sont déconstruites tous les ans et une tonne de verre recyclé éviterait l’extraction de 1.2 tonnes de matières premières et la production de 670 kg de CO2.

Fort de ce constat, les entreprises d’insertion Valo’Tri-Vallées en Savoie et Tripapyrus en Vendée, se sont lancées dans le projet de structurer une filière nationale de collecte et démantèlement des huisseries, de traitement et de recyclage du PVC et d’extraction du verre plat, pour que ce dernier soit réincorporé dans l’industrie du verre : le projet RECYFE.

« Très rapidement, notre projet s’est orienté vers la création d’un outil industriel », explique Paul Clément dirigeant de Tripapyrus. « Nous avons progressivement développé notre savoir-faire, en matière de traitement des fenêtres, mais nous nous sommes vite rendu compte que pour faire face à l’augmentation du gisement, tout en produisant des matières premières recyclées qui répondait au cahier des charges de l’industrie du verre et de la menuiserie et de la plasturgie, nous devions mécaniser et industrialiser le process de démantèlement des fenêtres et d’extraction du verre. C’était également une nécessité en matière de santé et de sécurité, pour nos collaborateurs, en charge du traitement ».

En 2018, avec le soutien de l’ADEME, ces trois porteurs de projets ont décidé de mutualiser de la Recherche et Développement pour créer cet outil industriel. Après trois ans d’expérimentation et de développement avec différents partenaires, un prototype a été installé en Savoie à l’été 2020. Sur cette base, deux versions industrielles vont voir le jour chez Valo’ et Tripapyrus dans les mois à venir.

« Aujourd’hui, notre filière est déjà capable de recycler manuellement 2 000 tonnes de fenêtres par an, mais au vu du gisement actuel et de l’accélération du rythme des chantiers, RECYFE doit rapidement prendre de l’ampleur » explique Etienne Wiroth de Tri-Vallées. « Le développement  d’outils industriels est une première étape, mais pour répondre aux enjeux environnementaux auxquels sont confrontés les acteurs du bâtiment, nous devons maintenant déployer notre projet, plus largement sur le territoire national. Pour cela, nous proposons de partager notre savoir-faire, afin d’embarquer une vingtaine d’entreprises d’insertion avec nous, sur tout le territoire, au travers d’une franchise sociale, qui ambitionne d’arriver à recycler à terme, 70% des menuiseries extérieures. » Cela permettrait d’éviter  chaque année 50 000 tonnes de CO2 et plus de 100 000 tonnes de déchets, tout en créant 500 emplois d’insertion. »

Convaincu du fort potentiel du projet et son impact social et environnemental, la fédération des entreprises d’insertion a souhaité que ce projet bénéficie de l’accompagnement expert d’Utopreneurs pour accélérer son changement d’échelle. 

Les premiers travaux animés par Utopreneurs ont visé à clarifier les objectifs stratégiques du projet sur plusieurs années, puis à définir un modèle de gouvernance pour la franchise sociale, cohérente avec ses ambitions. Dans un second temps, Utopreneurs a apporté son expertise de construction de modèles économiques et financiers de projets d’envergure nationale puis participé activement à la recherche de financements. 

Le projet a ainsi été sélectionné dans le cadre de l’appel à projet FDI Rebond, ce qui va permettre de déployer maintenant plus largement le projet. Grâce à ce nouveau soutien financier, les fondateurs de RECYFE ont confié, en février, à Utopreneurs, la mission de rendre opérationnelle la franchise sociale avant la fin de 2021. 

  

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